– Tu es très vieille ! Tu n’as pas peur de mourrir ?
Typique des morveux qui te gâchent ta journée si je n’étais pas moi.
– Je suis plus vieille encore que tu ne peux l’imaginer, Marie-Anne. Et la mort te fera signe bien avant qu’elle ne vienne toquer à ma porte.
– Comment tu sais mon nom ?
Il semble que j’aie réussi mon entrée, satisfaction générale.
– Dites-donc les vieux, c’est comme ça que vous élevez les enfants ?
– C’est toi qui nous fait la morale ? Tu ne manques pas d’air !
Ils m’agacent avec cette manie de parler ensemble d’une seule voix… Je m’écrase.
– C’est bon, venons-en à l’essentiel.
– Ah enfin !
Je me retourne, étrange sensation, c’est la voix de Lily, pas prévu… Elle est censée reposer sous la protection des Aborigènes. Haussement d’épaule de la compagnie, je suis la seule étonnée. Même la petite Marie-Anne me regarde avec mépris.
– Alors tata Rose, t’as jamais entendu parler un mort ?
– Ah non, pas tata Rose, je vous l’ai déjà dit mille fois. On m’appelle Rosenitha depuis 935, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer.
Joséphine vient à ma rescousse.
– Lily a attendu ta venue pour nous faire ses adieux, accepte qu’elle te taquine un peu.
– Tu es toujours aussi jolie Joséphine ! Est-ce bien ton vrai visage ?
Joséphine me fait un sourire complice mais ne répond pas, on s’impatiente autour de nous. Capucine m’embrasse comme du bon pain et je profite de sa douceur en pleine cavalcade des vieillards. La relève devient nécessaire. Leur progéniture a-t-elle envie de continuer les aventures ?
– Mais oui bon sang !
Le cri du cœur de l’équipe enfin réunie autour du feu. On se croirait au jour de la naissance de Joséphine et Capucine…