Polar ? déambulation ? Grand roman !

J’aime l’action et donc souvent les polars. Ce n’est pas mon seul critère pour lire. Je ne me fis pas aux critiques dithyrambiques. J’ouvre le livre. Je feuillette, je hume, j’attrape une phrase, un paragraphe et je lis le début.

Je peux être happée ou déçue. C’est déjà un critère. Et puis, parfois, je suis intriguée, envie d’aller plus loin sans bien savoir où je vais. Je m’assois au milieu des allées de la médiathèque, on m’enjambe, on sourit ou bien on me fait une remarque bien sentie. Les bibliothécaires me laissent en paix. Le plus souvent.

The Main fait 380 pages, environ. Trevanian est dit…
« l’un des auteurs les plus mystérieux de ces dernières années. De lui, on sait peu de choses […] il est probablement mort en 2005 […] ses romans se sont vendus à des millions d’exemplaires […]« .

N’est-ce pas intrigant ?
Et puis je lis, je commence toujours par le commencement :
« La nuit tombe sur la Main et les boutiques ferment une à une. Les éventaires disparaissent des trottoirs, les grilles descendent en ferraillant devant les vitrines. Une ou deux lampes restent allumées pour dissuader d’éventuels cambrioleurs. Les tiroirs-caisses sont laissés entrouverts afin que les voleurs ne les fracturent pas inutilement […] »

Vous faites quoi à ma place ?
Dans tous les cas, moi, j’y étais ce soir-là, transportée sur la Main (prononcer mayne) par la seule force des mots. Je tourne les pages au hasard :
« – Alors ? Tu m’emmènes chez toi, oui ou non ?
Il n’y a aucune trace de coquetterie dans sa voix. Elle est fauchée et ne sait pas où dormir, mais il lui reste son sexe. C’est une monnaie d’échange.
LaPointe soupire et se gratte le crâne […] »

J’aime la belle écriture, pas seulement celle que j’aimerais faire mienne, celle qui a de la couleur, de l’amour et de la délicatesse. Ou bien encore celle qu’on dit fleurie. Pas n’importe laquelle ! Des uniques comme San Antonio, Benaquista, Quenneau, Audiard le père… Faudrait que je mette à jour ma base de données…
… Je m’éloigne… The Main, c’est la vie, le son, l’odeur, l’image, la matière, les saveurs. Tout ça par écrit. Les cinq sens. Et surtout, surtout, surtout, du cœur.

Bref, j’ai suivi les pérégrinations de LaPointe, qui résout de sacrées intrigues au passage. Je vous incite fortement à vous accrocher à ses basques. 

Et puis, si ça ne vous plaît pas d’être sur la Main parce qu’il y fait froid, que les gens sont pauvres et sales, qu’on y joue au pinocle, que chaque personnage est entier – caractère, démarche, habits, habitudes, sentiments -, que ce n’est pas grave d’avoir tous les indices pour trouver le criminel et que Guttman est très attachant, alors allez voir ailleurs, il y fera peut-être plus sot.

Moi, je reste avec Trevanian pour le reste de son œuvre.

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