Quelle prétentieuse ! Et j’ai fait ci, et je connais ça, et je parle arabe, et gnagnagna… Qu’est-ce qu’elle croit ? Elle sait même pas parler Bininj. Elle est trop nulle. Elle sait même pas faire du vélo ! Regarde Ploumki, tu l’as vu toi mon saut périlleux ? Elle y arrivera jamais. On peut rien faire avec elle. Elle reste assise à lire ses livres à la noix et je vois bien qu’elle me prend pour un singe. Je la déteste ! De toute façon, je préfère rester avec les grands. Hein Ploumki, toi aussi hein ? Non ? Pourquoi tu regardes tonton Constantin comme ça ?
– Joséphine, joue avec ton amie au lieu de parler à ton nounours…
– C’est pas mon nounours, c’est Ploumki !
– Pardon ma chérie. Demande donc à Ploumki s’il n’a pas envie de lire avec Capucine.
– Nan.
– Et toi Capucine, tu veux que je t’apprenne à faire des galipettes ?
– Nan.
J’ai bien vu que Constantin était triste. C’est pas vraiment mon tonton mais c’est mon préféré. Avec Edgar. J’aime bien Jean aussi. Et puis Crimée et Babila. Ils m’emmènent dans le bush, pieds nu, à l’aventure… Je veux rentrer à Cannon Hill. J’aime pas ici. T’es pas d’accord Ploumki? Non? Pourquoi tu me contres tout le temps ?
– « Contredis », pas « contres » ! Tu as appris à parler français avec les sauvages, je le vois bien.
Et ça y’est, ça recommence! Elle m’écoute en douce. Qu’est-ce qu’elle croit ? C’es bien plus amusant « contres », surtout quand je sers Ploumki tout contre mon cœur ! Je parle bien mieux qu’elle le français. Avec Marine, pas possible de faire autrement. C’est avec mes tontons que j’ai appris à jouer avec les mots dans toutes les langues. Presque. Pas l’arabe. Et alors ?
Donc, je disais, ici c’est moche et ça pue. Y’a trop d’animaux au même endroit. Ils sont même pas en liberté, y’a des barbelés partout. Et puis les couleurs sont pas très jolies, ça fait sale. Le charbon noir, les cochons roses et marrons, les moutons blanc cracra, même les coqs, ils sont laids. Et puis, tout est petit. L’Australie me manque.
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