Benicarlo plage

Le soleil se lève laborieusement sur la mer. J’attends depuis une heure : rouge, bleu, rose, orange, jaune. Enfin, un bout de cercle encore écarlate flotte sur l’eau. Et puis, tout va très vite. Comme si le soleil voulait battre de vitesse l’étendue de la masse nuageuse noire qui le surplombe. En vain, à peine sorti, il disparaît. Pas longtemps. Il est plus fort et rusé que ma curiosité. Un rayon blanc perce et pointe la mer tel un laser. Le nuage déclare forfait, il s’évapore par petites touches qui s’éloignent de plus en plus les unes des autres. Le soleil crierait victoire si le ciel ne s’embrumait pas. C’est dommage. Patience.

En attendant que la lumière revienne, ce qui ne va pas tarder car le vent se lève, je marche. Et le premier son que je fais est celui des pendules de coquillages que l’on fabriquait étant enfants et qui s’entre-touchent bercés par la brise légère. Mes pieds tintinnabulent sur un sol couvert de coquillages, si nombreux et si solides que je ne les écrase même pas. Je m’arrête, un sourire jusqu’aux oreilles, oubliant un instant cette préoccupation qui me pèse depuis quelques jours. J’admire aussi les vagues qui se brisent paresseusement sur des galets crissant puis chuintant, caressés par la mer qui se retire délicatement. Je m’arrête, je cherche mes mots pour décrire ce que je vis, sens, ressens. Ma préoccupation est là, j’imagine des solutions. Tout a l’air si simple. J’avance à nouveau et je fais craquer un sable épais et bien tassé sur lequel je ne laisse presque pas de trace, comme si je marchais sur un matelas très ferme.
Une bande de sable entre deux étendues de coquillages et entourées de galets lisses, travaillés depuis une éternité par une mer qui n’a que cela à faire. Et moi je ne peux rien faire. Et je ne veux pas avoir à faire quoique ce soit car cela signifierait qu’il se passe quelque chose de grave.
Alors je monte dans mon fidèle fourgon et roule. Des idées pratiques me viennent, je retiens des cris de rage de mon impuissance. Puis, mes hurlements s’adressent à celui que je savais dénué d’empathie mais pas au point de mettre en péril la vie de son propre fils. Je suis sûre que je divague, c’est impossible. Et pourtant…
Je m’arrête encore, boire un café sur une aire d’autoroute. Écrire ces quelques mots. Face à un non paysage. Le café est bon.

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