Aujourd’hui, j’ai trois briquets. Hier, j’ai dû en emprunter après en avoir cherché deux heures. Avant-hier, quatre briquets sont apparus d’eux-même. Et ainsi de suite, quotidiennement. J’en suis venue à penser que les briquets ont leur vie propre. Je n’ai pas encore compris les raisons de leurs disparitions ou apparitions.
Ils ne le font pas pour m’embêter, j’en suis presque sûre, même si cela m’agace au plus haut point.
Après plusieurs quêtes désespérées, j’ai abandonné au profit de solutions de repli lorsque je suis dépourvue. A la maison, j’ai des boites d’allumettes, plein. Au travail, les hôtesses d’accueil ont toujours un briquet que je leur ai confié, au cas où. Elles sont redoutables : si je ne leur rend pas après usage, elles me coursent dans toute l’entreprise. Elles ne le prêtent qu’à moi, consigne sur laquelle on s’est mis d’accord après trop d’expériences désastreuses, autres collègues distraits ou chapardeurs.
Voilà donc une raison des disparitions ? Le vol, volontaire ou non ? Ce n’est pas cela puisque ce sont toujours MES briquets qui réapparaissent après un temps indéterminé. Il arrive que j’en oublie sur la terrasse et qu’ils prennent la pluie. Faciles à retrouver. Ce n’est pas cela. Peut-être mes poches, de pantalon, de manteau, de gilet, de sac, à main, à dos, à puce ? On chauffe. C’est vrai, il m’arrive de prendre une veste… Bourrée de briquets. Mais que donc allaient-ils faire là ? Et j’attrape ce cartable, lui aussi truffé de briquets. Toujours le même jour. Et le lendemain, à nouveau bredouille…
Je dis que cela n’a rien à voir avec les petites cuillers ou les chaussettes. Pour les premières, nous ne fouillerons jamais assez nos poubelles. Refusez l’argenterie de votre grand-mère et payez vos cuillers au kilos. Pour les secondes, il n’y a plus de mystère pour moi depuis que j’ai lu l’histoires des « Un pied ». Enfin lu, c’est vite dit. Dans « mes premiers j’aime lire », c’est l’auteur qui parle sur son disque et les enfants qui tournent les pages au signal. Je n’ai jamais vu les images puisque je conduisais, mes nounours à l’arrière de la voiture. Mais j’ai bien entendu 98 fois (je crois que je suis un peu en-dessous du compte) l’histoire des « Un pied ». Ce sont des petits extra-terrestres qui n’ont qu’un pied et trois mains. Heureusement Dimitri (je ne me souviens plus du nom du marmot, j’invente) leur présente sa grand-mère (encore une) qui leur tricote des gants et des chaussettes à leur mesure pour leur éviter de prendre froid et surtout de piquer nos chaussettes au sortir de la machine à laver. Une par une bien sûr. La mamie de Dimitri doit être débordée car j’ai pas mal de chaussettes orphelines (dépareillées ?) en ce moment…. Et toujours pas retrouvé le briquet à fleur, celui qu’on ne me pique jamais parce qu’il est trop laid mais que j’utilise très peu car c’est celui qui est le plus sauvage. Il ne supporte aucune poche, aucun sac, aucune boîte. Il n’apparaît que quelques minutes par jour, et encore, pas tous les jours. Assez rarement en fait.
Depuis, tout va bien, j’ai arrêté de fumer.